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Aha j'hésite entre Starsong et Le Chant du *

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3 février 2014

Vernissage micro expo chez Hors Série le 6 février Bruxelles

Lucier dans l’espace avec des réflexions.

En 1969, On pouvait trouver dans la revue Source music of the avant garde n° 7/8 l’introduction à une œuvre particulière qui allait devenir l’une des plus célèbres de l’histoire de l’expérimentation sonore* . De simples intructions étaient données afin de réaliser un enregistrement de soi-même parlant dans une pièce puis de vivre les effets qui se produisent lorsqu’on diffuse la bande qui vient d’être réalisée tout en la réenregistrant... plusieurs fois de suite  . L’auteur de ces directives n’est autre que le directeur du University Chamber
Chorus, de l’Université de Brandeis (Masachussetts) . Alvin Lucier -tel est le nom de ce jeune homme-  propose d’en faire de multiples essais différents, de varier les conditions, pour que l’on puisse également réaliser que chaque environnement offrira sa propre empreinte sur les enregistrements.

Sur le campus de l’Université, fort sobrement, Lucier fit enregistrer sa propre version (dans laquelle il décrit ce qu’il est en train de faire et ce qui va se produire) , qui fut ajoutée sur la face A du disque 2 inséré dans la revue. Faute de place, seulement quelques prises furent gravées dans le vinyle, choisies de manière ponctuelle, afin que l’auditeur puisse se faire une idée de l’entièreté du processus, qui, à l’origine, durait 45 minutes. L’œuvre fut destinée à être produite au Guggenheim Museum de New York.

Membre du Sonic Arts Union, composé d’importants compositeurs en devenir ( Robert Ashley, Gordon Mumma, David Behrman et Alvin Lucier) ce groupe, d’une extrême audace, produisait les œuvres des membres du groupe, mais également celles de plusieurs grandes figures de la scène musicale. John Cage, Pauline Oliveros. Le groupe contribua.. ou peut-être les initia-t-il... aux recherches ainsi qu’à la passion consacrées à la perception sonore de tout ce qui est (ou est rendu) audible. Expériences physiques, production d’accessoires auditifs, méditation et transe (Deep Listening)... firent prendre conscience aux auditeurs un monde parallèle à la musique, celui de l’écoute.
Ces dans ces conditions-là qu’Alvin Lucier profita d’une particularité qui lui était propre : son bégaiement. Il en souligna l’impact sur l’ouïe et les attentes auditives dans de petites productions télévisées (Dr Chicago, par exemple : http://www.youtube.com/watch?v=ynOCt-aCe30 ) ainsi que des composions du S.A.U.

La petite phrase de conclusion du speech qui constitue “I am Sitting in a Room” est à mes yeux une sorte de semblant de déclencheur humoristique de l’œuvre. “To smooth out any irregularities my speech might have” (lisser toute irrégularité que mon langage pourrait avoir) était en vérité l’inverse : to shout out all irregularities my recordings will make” Merci aux murs.
* http://www.medienkunstnetz.de/source-text/87/

A jeudi, j’espère, chez Hors-Série (67, rue du Midi, 1000 Bruxelles) pour la dixième micro-exposition où mon ami Alain géronneZ me donne champ libre.  

Merci Alain, pour tout tout. Merci Luc Dembour, Thierry Syfer, Daphne... pour l’espace Hors-Série, merci Carole Géronnez pour le don de sa voix, merci Patrick Brognon pour la réalisation d’un dispositif lumineux présent à l’exposition, merci Angelos et Niki Nomicos pour les lieux mis à disposition pour les enregistrements.

Merci à Baudouin Oosterlynck pour le prêt d’une partie du matériel... et à qui je dédie cette exposition, en lui souhaitant un bon rétablissement.

Donc : 6 février (Saint Gaston) à partir de 18h .

Danielle Brognon

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18 octobre 2013

I am Sitting in a room -A room- Mushrooms

 John Cage : A Room

Depuis l'année dernière, je prends des cours de piano. Tandis que j'avais choisi de jouer une Gnossienne (Satie, oui!) pour mon examen de décembre, celui de juin fut dédié à John Cage. J'ai choisi une petite pièce simple et admirable : A Room, pour piano préparé.

http://www.youtube.com/watch?v=6anZTClbRw4

le son sonne ici comme dans un bocal, mais on s'en fish! Et je ne suis pas Andrew Chubb!

A Room a été composé en 1943. A ce moment-là, Cage a mon âge. (Comme ça vous êtes bien avancés! )C'est un morceau assez court où des sections se répètent quatre fois (ou deux) . seulement 11 notes du clavier sont utilisées, et, sauf exception unique, on les joue une par une. la relative difficulté d'exécution réside dans l'emploi de la pédale una corda. il faut aussi savoir jouer staccato mais très doucement. Quand elle est bien jouée, la pièce évoque une rêverie, c'est un peu hypnotisant.

John cage l'a prévue pour piano ou piano préparé. Il s'agit d'un piano dans lequel des objets ont été insérés entre ou sur les cordes (des bouts de gomme, du cahoutchouc, des boulons, des clous... ) et ceci afin de modifier radicalement la tessiture des notes et de faire de l'instrument soit un piano "avec percussions" soit un ensemble de percussions. Por la petite histoire, Cage a préparé son tout petit piano lorsque, manquant de place dans une salle pour faire jouer tous les instruments qu'il avait prévus pour accompagner la danseuse X,  il eut l'idée brillante d'introduire les percussions dans un seul instrument!

john cage preparing piano

cage, préparant son piano

Alvin Lucier : I am Sitting in a Room

Cette année ci, je suis invitée à participer à une exposition (initialisée par mon ami Alain géronneZ) dans laquelle chaque personne fait un travail artistique et un livret sur un album de musique qui lui tient à cœur. et j'ai choisi : "I am Sitting in a Room" d'Alvin Lucier. Il s'agit d'un projet initié en 1969; le principe est fort simple : l'auteur, doté par la nature d'un bégaiement, s'enregistre en disant ce texte :

"I am sitting in a room different from the one you are in now. I am recording the sound of my speaking voice and I am going to play it back into the room again and again until the resonant frequencies of the room reinforce themselves so that any semblance of my speech, with perhaps the exception of rhythm, is destroyed. What you will hear, then, are the natural resonant frequencies of the room articulated by speech. I regard this activity not so much as a demonstration of a physical fact, but, more as a way to smooth out any irregularities my speech might have."

La bande-son est alors jouée et réenregistrée de nombreuses fois, se modifiant drastiquement-elle-même : tandis que les résonnances de la pièce ne font que s'amplifier, les mots sont de plus en plus noyés. Dès la quatrième prise, on entend bien clairement un son de caverne (ou de bocal? :D) mais plus tard, la voix n'est plus identifiable. Il nous reste une sorte de chant de baleine, qui elle-même deviendra une suite d'ondes très éthérées. C'est tout à fait charmant et passionnant à écouter!! 

J'ai pu me procurer la première version commerciale qu'Alvin Lucier a enregistrée, en 69. Elle a été gravée sur un 33 tours dans la revue Source, Music of the Avant-garde n°7-8- qui par ailleurs est une brochure extraordinaire, tant graphiquement qu'artistiquement. Faute de place (quatre artistes sur un même disque, soit une demi face chacun), Lucier saute de nombreuses prises afin de faire entendre plus rapidement les modifications apportées par les réenregistrements. On ne peut entendre qu'une quinzaines de prises, mais elles ont un son magnifique, bien plus subtil et naturel que ce que l'on peut écouter en ligne. Vers 1980; Lucier réenregistrera sa pièce en 32 prises sur son album culte éponyme : I am Sitting in a Room

 

source music avant-garde Source : Music of the Avant-garde, 1969

sitting in a room cover  I am Sitting in a Room, 1980

 

 Mushrooms : a way to smooth out

 

 

19 avril 2012

Edit

Fait notoire: juste comme je finissais mon article en pensant à "l'Oiseau de Feu" de Stravinsky et "la Rose des Vents" de Mauricio Kagel, mon ami a allumé la radio. Et c'était l'Oiseau de Feu!

 

300px-Firebird

19 avril 2012

Ne dites pas Aphrodite, méditez l'aphorisme


Rose est un flocon de neige; à peine touchée, déjà dissoute. Sélavy.
Une armée d’épines témoigne de l’éphémère.
Sorte de sacrifice ou scarification anticipée.

Mari-sel, qu’arrose le celibat.
Rising sin: a rose is a rose is a rose is a rose etc
Ou la mécanique du désir.

« Les arcanes s'avilissent quand ils sont révélés ; et, profanés, ils perdent leur grâce. Ne jette donc pas de marguerites aux pourceaux, et ne fais point à un âne une litière de roses” (2ème manifeste Rose+Croix, les Noces Chymiques, 1616)

Plus le Phénix renaît, mieux le feu se contrôle
Plus Narcisse se mire, plus Orphée se plaint, plus puissante va l’Echo.
Pourtant ces cycles sont infinis.

J’entendrai la Réforme quand on donnera à Pâris le bonnet de Midas et vice versa. Réfléchissez-y bien..

28 juillet 2011

Le Bas te Leurre



"Lasciate ogni speranza voi che entrate"
"Vous qui entrez, abandonnez toute espérance". Ainsi s'adressait l'Espérance à Orphée après l'avoir soutenu tout au long du chemin, jusqu'aux portes de l'Enfer.

Capture d’écran 2011-07-23 à 12

 

En effet, pour comprendre l'importance de cette "Favola in Musica" de Claudio Monteverdi, il faut en saisir les significations, les enjeux.
Commençons par ce morceau de fable, Orphée et Eurydice.
Un jour, tandis qu'il badine avec les bergers, Orphée, fils du roi de Thrace Œagre et de la Muse Calliope (poésie épique)apprend la mort brutale de son épouse qu'il vient à peine d'épouser. Eurydice, une dryade (c'est à dire une timide nymphe des bois), a été mordue au pied par un serpent et est partie aussitôt pour l'Enfer. Le sang de l'aède courageux ne fait qu'un tour: il ira l'y chercher!
Depuis toujours, Orphée avait été un véritable enchanteur. Où qu'il aille, il jouait de sa lyre à neuf cordes -hommage aux Muses- séduisant au passage tous les animaux, plongeant son environnement dans la quiétude. Aussi, lorsqu'après un long voyage il put enfin rencontrer Charon le passeur d'âmes du Styx, ce dernier ne fut nullement pris de pitié pour l'infortuné poète… mais il s'endormit aux sons de l'instrument. Tout bêtement. Plus tard, c'est au tour de Proserpine, la Déesse ravie par Pluton (Enfers) de chanceler irrésistiblement: toute émue par la pureté de ces chants elle supplie son amant de rendre à Orphée son Eurydice. Pluton y consent… à la seule condition qu'Orfée marche devant son épouse et qu'il ne se permette de la regarder qu'une fois sorti des Enfers. Tout le monde approuve et loue la décision… Mais Orphée, vaincu par le désir de revoir son aimée et convaincu que l'Amour doit triompher quoi qu'il advienne, passe outre la Loi. Et c'est la fin: Eurydice meurt à jamais et Orphée retourne sur ses pas malgré lui, jusque dans les forêts. Ce qui lui arriva ensuite varie selon les versions (http://fr.wikipedia.org/wiki/Orph%C3%A9e)… mais il ne revit jamais sa bien aimée…

Analyse symbolique

Ce mythe nous entraîne dans un débat quant à la suprématie du Désir ou de la Vertu. Et par désir on entend aussi bien l'amour pur et passionnel que la force de vaincre l'indomptable. Peut-on tout séduire? Non:

"La vertu est un rayon de la beauté céleste.
La qualité suprême de l'âme, à laquelle elle donne seule son prix;
Elle ne craint pas l'outrage du temps;
Bien plus, les années en font chez l'homme ressortir la splendeur.
Orphée vainquit l'Enfer et fut vaincu par sa passion.
Seul sera digne d'une gloire éternelle celui qui remportera la victoire sur lui-même"
Orfeo, acte V

Pourtant… il y eut des hommes qui restèrent absorbés par les talents enchanteurs du jeune Orphée. Les mystiques, les alchimistes,tous ces êtres spirituels puisant leur science de l'harmonie des cieux…  Ainsi, dans le Tarot, le Bateleur est une réminiscence d'Orphée. C'est un personnage que l'on représente debout face à une table encombrée d'objets divers -dont quatre symbolisations du feu, de l'eau, de la terre et de l'air- en train de duper une foule par des tours de passe-passe. Parfois il a un chien (fidélité) et/ou un singe (habilité). Il représente la force de caractère, la maîtrise de soi, la pugnacité… et bien sûr la fidélité en amour!

01-bagatto-A copie

 

Voilà un fort joli tableau de Bateleurs.
Allez voir l'original!
Et vive les étoiles!

http://lh5.ggpht.com/_APoI4IkOJeg/TE2R81wovoI/AAAAAAAACHM/mmTwaOpkUv4/01-bagatto-A.JPG

 

J'aurai encore quelques mots à dire sur Orphée et sa relation au cycle du jour et de la nuit... Et aussi j'ai des versions en dvd comme en cd à recommander... A bientôt!!

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24 juillet 2011

Trois morceaux en forme d'Apollinaire

trois m

 

 Apollinaire, en habit de cheval.

Alors voilà. Dans mes articles précédents, je vous aprenais que l'année 1911 a vu la création du "Fils des Etoiles" d'Erik Satie, dont je reparlerai sans doute car le hasard a remis cette pièce sur ma voie avant-hier... du "Rosenkavalier" de Richard Strauss, du "Roi des Etoiles" d'Igor Stravinsky... et puis je me mettais à parler d'Orphée... Or voici que me saute au visage Guillaume Apollinaire! Apollinaire, qui, en 1911 nous offre: "le Cortège d'Orphée" (ou "Le Bestiaire d'Orphée") C'est un poème que j'ai lu -et même enregistré ^_^ - à la fois simple, beau et mystérieux. Touchant, en somme...

Allez, je le poste.

Guillaume Apollinaire: Le Cortège d'Orphée (1911)

A Elémir Bourges

Orphée

Admirez le pouvoir insigne
Et la noblesse de la ligne :
Elle est la voix que la lumière fit entendre
Et dont parle Hermès Trismégiste en son Pimandre.

La tortue

Du Thrace magique, ô délire !
Mes doigts sûrs font sonner la lyre.
Les animaux passent aux sons
De ma tortue, de mes chansons.

Le cheval

Mes durs rêves formels sauront te chevaucher,
Mon destin au char d'or sera ton beau cocher
Qui pour rênes tiendra tendus à frénésie,
Mes vers, les parangons de toute poésie.

La chèvre du Thibet

Les poils de cette chèvre et même
Ceux d'or pour qui prit tant de peine
Jason, ne valent rien au prix
Des cheveux dont je suis épris.

Le serpent

Tu t'acharnes sur la beauté.
Et quelles femmes ont été
Victimes de ta cruauté !
Eve, Eurydice, Cléopâtre ;
J'en connais encor trois ou quatre.

Le chat

Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.

Le lion

O lion, malheureuse image
Des rois chus lamentablement,
Tu ne sais maintenant qu'en cage
A Hambourg, chez les Allemands.

Le lièvre

Ne soit pas lascif et peureux
Comme le lièvre et l'amoureux.
Mais que toujours ton cerveau soit
La hase pleine qui conçoit.

Le lapin

Je connais un autre connin
Que tout vivant je voudrais prendre.
Sa garenne est parmi le thym
Des vallons du pays de Tendre.

Le dromadaire

Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d'Alfaroubeira
Courut le monde et l'admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j'avais quatre dromadaires.

La souris

Belles journées, souris du temps,
Vous rongez peu à peu ma vie.
Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans,
Et mal vécus, à mon envie.

L'éléphant

Comme un éléphant son ivoire,
J'ai en bouche un bien précieux.
Pourpre mort !.. J'achète ma gloire
Au prix des mots mélodieux.

Orphée

Regardez cette troupe infecte
Aux mille pattes, au cent yeux :
Rotifères, cirons, insectes
Et microbes plus merveilleux
Que les sept merveilles du monde
Et le palais de Rosemonde !

La chenille

Le travail mène à la richesse.
Pauvres poètes, travaillons !
La chenille en peinant sans cesse
Devient le riche papillon.

La mouche

Nos mouches savent des chansons
Que leur apprirent en Norvège
Les mouches ganiques qui sont
Les divinités de la neige.

La puce

Puces, amis, amantes même,
Qu'ils sont cruels ceux qui nous aiment !
Tout notre sang coule pour eux.
Les bien-aimés sont malheureux.

La sauterelle

Voici la fine sauterelle,
La nourriture de saint Jean.
Puissent mes vers être comme elle,
Le régal des meilleures gens.

Orphée

Que ton coeur soit l'appât et le ciel, la piscine !
Car, pêcheur, quel poisson d'eau douce ou bien marine
Egale-t-il, et par la forme et la saveur,
Ce beau poisson divin qu'est JESUS, Mon sauveur ?

Le dauphin

Dauphins, vous jouez dans la mer,
Mais le flot est toujours amer.
Parfois, ma joie éclate-t-elle ?
La vie est encore cruelle.

Le poulpe

Jetant son encre vers les cieux,
Suçant le sang de ce qu'il aime
Et le trouvant délicieux,
Ce monstre inhumain, c'est moi-même.

La méduse

Méduses, malheureuses têtes
Aux chevelures violettes
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Et je m'y plais comme vous faites.

L'écrevisse

Incertitude, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons.

La carpe

Dans vos viviers, dans vos étangs,
Carpes, que vous vivez longtemps !
Est-ce que la mort vous oublie,
Poissons de la mélancolie.

Orphée

La femelle de l'alcyon,
L'Amour, les volantes Sirènes,
Savent de mortelles chansons
Dangereuses et inhumaines.
N'oyez pas ces oiseaux maudits,
Mais les Anges du paradis.

Les sirènes

Saché-je d'où provient, Sirènes, votre ennui
Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit ?
Mer, je suis comme toi, plein de voix machinées
Et mes vaisseaux chantants se nomment les années.

La colombe

Colombe, l'amour et l'esprit
Qui engendrâtes Jésus-Christ,
Comme vous j'aime une Marie.
Qu'avec elle je me marie.

Le paon

En faisant la roue, cet oiseau,
Dont le pennage traîne à terre,
Apparaît encore plus beau,
Mais se découvre le derrière.

Le hibou

Mon pauvre coeur est un hibou
Qu'on cloue, qu'on décloue, qu'on recloue.
De sang, d'ardeur, il est à bout.
Tous ceux qui m'aiment, je les loue.

Ibis

Oui, j'irai dans l'ombre terreuse
O mort certaine, ainsi soit-il !
Latin mortel, parole affreuse,
Ibis, oiseau des bords du Nil.

Le boeuf

Ce chérubin dit la louange
Du paradis, où, près des anges,
Nous revivrons, mes chers amis,
Quand le bon Dieu l'aura permis.

Voilà. Chaque strophe était accompagnée d'une jolie gravure dont le petit cheval que j'ai mis dans l'illustration en début d'article... Notez que dans ce poème, il est fait allusion à la Bible comme au Mythe d'Orphée... Et lisez bien "le serpent"... >_<

 

Bonus: A la fin de la Première Guerre mondiale, G.A. se fait toucher par un obus à la tête. Il en gardera une cicatrice en forme d'étoile... D'aucuns pensent que c'est en hommage à Appolinaire que Marcel Duchamp se fit sa tonsure (voir articles précédents). Apollon, Apollo, Apollinaire, c'était prédestiné.

 

Dans plusieurs illustrations réalisées par le poëte, on peut voirun cavalier bleu avec un masque... Je ne vois pas encore ce que signifie le masque sinon peut-être la "mascarade", l'idée de parader pour avoir fière allure (cf Satie "En Habit de Cheval"... Il veut sans doute aussi faire référence au monde des comédiens. (Picasso et ses Arlequins et Cie).. Le "cavalier bleu"... Le Blaue Reiter... XD Autre histoire...

21 juillet 2011

La Vie, la Mort, Orphée

 

Roman_Orpheus_Taming_Wild_Animals

Hier au soir, nous nous sommes encore penché sur le “petit” Orphée! Plus on creuse, plus c’est passionnant.

En 1707, Monteverdi crée son Orphée. L’opéra, sous sa forme “aboutie” vient à peine d’éclore; certains prennent même cette pièce-ci comme sa pierre de touche. Cependant, il semble à priori curieux d’avoir choisi ce mythe-là alors que précédemment les deux (seules?) œuvres pouvant prétendre pleinement au rang d’opéra s’appelaient “Euridice”. Qu’avaient-t-ils tous avec ce mythe là? Il se fait que dans le courant du XVIIème siècle, toute la gente spirituelle s’éprend de philosophie et d’Humanisme. D’Homère à Platon, de mythologie en doctrines savantes, c’est à coups de pelle dans le passé qu’on  tasse de nouveaux fondements. Le mythe d’Orphée et d’Eurydice semble central aux penseurs parce qu’il traite du mystère et son interdit. Rappelez-vous: Orphée a su pénétrer le Royaume des Morts parce qu’il a charmé Cerbère le gardien grâce à sa lyre enchantée. Tout comme il apaisait les bêtes sauvages sur terre... Amour d’Eurydice ou pas, c’est un sacrilège et, dans le texte mythologique, le renégat sera mis en pièces par les Déesses (leur nom varie selon les sources). Oui, c’est comme un écho d’Adam et Eve -sauf que c’est antérieur- et je laisse échapper au passage que c’est par la morsure d’un serpent qu’Eurydice s’est vue envoyée aux Enfers... En deux mots: ceux qui ont touché aux secrets interdits ne peuvent plus retourner chez les innocents... Et les Humanistes mettent alors en place une contre thèse: celui qui a su ne devra plus vivre à nouveau. La punition se métamorphose en délivrance. La fin de l’opéra de Monteverdi en témoigne bien: Orphée, qui errait fou de chagrin dans les bois, se fait inviter au Parnasse par Appolon (Soleil, lumière, connaissance.) C’est qu’il en est digne.

Moi je pense que c’est en s’éloignant des animaux qu’on s’abêtit.

Amis lecteurs ne lâchez pas, j’ai une suite à écrire pour cet article-ci!

20 juillet 2011

Je veux bien aller en Enfer...

Avant-hier soir, mon ami et moi regardions Orphée et Eurydice de Gluck dans sa version française. C'est une interprétation de 2008 exécutée par une troupe italienne à la Scala de Milan dont Roberto Alagna, Serena Gamberoni et Marc Barrard en vedettes. Bon, eh bien, j'étais décue... Eurydice qui meurt dans un accident de voiture ("Une Peugeot 106!", me dit mon ami XD), Amour, généralement interprêté par une femme vu le rôle protecteur et rassurant du personnage, est ici joué par un grand barbu très sec... Orphée, au français impeccable, a la voix étouffée de sanglots pendant tout l'opéra! Et puis, en dehors de cette mise en scnène plutôt réussie, il faut qu'on assiste à des idées totalement inappropriées par rapport à la crédibilité des personnages. Ainsi, alors qu'Orphée pleure pour convaincre Eurydice de le suivre et qu'elle cesse d'exiger qu'il parle et la regarde (il n'en a pas le droit!)... Madame ne trouve rien d'autre à faire que de s'envoyer en l'air avec Amour sur le capot du corbillard! ("Une Ford Taunus!!") Trèèèès malin! Enfin soit...

Mais hier, la Grâce nous prit de réécouter la même pièce, mais dans une de ses premières versions. Christoph Wilibald Gluck avait en effet lui-même remanié son Orphée plusieurs fois. Donc, à l'origine, il avait envisagé pour le trio principal trois voix aigües: Amour et Eurydice étaient des femmes, Orphée, un castrat. L'opéra était en italien. Mes amis, ça change tout!orfeo

Voici le disque! “Orfeo ed Euridice” .C’est un enregistrement de 1982 réalisé par Sigiswald Kuijken et sa Petite Bande, avec, dans les rôles principaux Marjanne Kweksilber (Eurydice) René Jacobs (Orphée) et Magdalena Palewicz (L’Amour).

Mais voici (enfin!) la raison pour laquelle je suis amenée à rédiger ceci. Il s’agit d’un coup de cœur pour un passage merveilleux  qui doit sont équilibre au contraste entre un ensemble de voix mixte et Orphée seul (haute-contre). A un moment donné, Orphée est aux portes de l’Enfer: il tente d’amadouer des Esprits courroucés par son chant triste et sa lyre. Le chœur d’Esprits  commence par se montrer inflexible lorsqu’il les implore: “Nooo!” avant de progressivement ceder... et notre héros peut enfin accéder... au Paradis?! Enfin, on dirait. Ceux qui n’ont pas encore écouté cette œuvre ne pourront s’imaginer la quiétude émanant de cet Enfer là. On croiraît presque entendre les oiseaux et le bercement du vent: j’étais soufflée! La mort est ici perçue comme le seul vrai repos, la fin de tous les conflits et de toutes les tensions.

Vous savez comme j’aime les mises en relation... J’ai pensé à Don Giovanni (Mozart). Tout à la fin, le trop présomptueux Don Giovanni a eu l’audace d’inviter la Statue du Commandeur à un banquet. Ce personnage-ci avait en effet été assassiné par le coureur de jupons alors qu’il l’empéchait de s’en prendre à sa fille au début de la pièce. C’est donc sous la forme d’un esprit incarnant une statue qu’arrive le Commandeur au banquet. Ce n’est évidemment pas pour manger: ces choses d’ici-bas ne le concernent plus. Mais il exige que Don Giovanni se repente. Et par trois fois ce dernier pousse un “Nooo!” impitoyable... avant qu’un chœur de Démons ne l’emportent en Enfer. Curieux, n’est-ce pas?

Par ailleurs, et là ça me concerne plus directement, sachez que ce qui a causé tant de repentirs à Saint Pierre c’est d’avoir nié Jésus coup sur coup trois fois de suite. On ne réfute pas son parcours.


Mais que celui ou celle  qui n’a jamais parlé me lance le premier com!

La Pie D

17 juillet 2011

1911 La voix de son cheval

Alors aujourd'hui, histoire de brouiller les pistes, je présente deux œuvres crées en même temps qu' "en Habit de Cheval" d'Erik Satie.

Il y a d'une part le "Roi des Etoiles", par Igor Stravinsky. Une très belle pièce pour chœur d'hommes et orchestre. Elle est fort courte et demande beaucoup d'exécutants, ce qui explique qu'elle soit si peu jouée. La première n'eut lieu à Bruxelles qu'en 1939, soit 28 ans après!

 

Plus de détails:http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roi_des_%C3%A9toiles

Ecoutez la pièce:http://www.youtube.com/watch?v=j2t46RKOp-g

 

Et d'autre part, voici "Der Rosenkavalier" de Stra... Straaa... XD Strauss! (Richard) Ça sonne plus familier, n'est-ce pas? C'rest un opéra en trois actes qui parle, comme plein de pièces à l'époque, d'un baron, d'aventures à rebondissements au château, de soubrettes farceuses, et de mariage à organiser!Si ça vous intéresse, voilà le lien Wiki: http://fr.wikipedia.org/wiki/Der_Rosenkavalier. Strauss étant bien populaire, la pièce sera montrée sur le champ à Dresde dès janvier 1911... et... à vous dire vrai, il est peu question de chevaux, mais d'une maréchale et d'un "chevalier" à l'eau de rose. Parce qu'il faut reconnaître que "le Boulanger à la Rose" c'est moins... fringant.

 

My_Little_Pony_Ponyville_Stars

12 juillet 2011

«J'aimerais jouer avec un piano qui aurait une grosse queue!...»

hihihihihihihi! XD *hennit* Satie (cité ci-haut), premier dadaïste littéraire écrivit donc "En Habit de Cheval" vers 1911. Il en fait d'abord une version pour grand orchestre avant de s'en retourner à son "cheval de bataille", les pièces pianistiques, et de la refaire pour piano à quatre mains. Cheval car Roussel, un de ses  professeurs à la Schola Cantorum où il vient de s'inscrire parce qu'on le prend pour un dilettante inculte? Que nenni!

Je viens de consulter toutes sortes de pages de jeux où il est question d'habiller tant les chevaux que leurs écuyères...

La robe, de cheval ou de mariée suggère, tout comme l'habit des cavaliers chics des années dix, une certaine notion de noblesse. L'habit fait le moine et l'apparence des choses en donnent le statut. Mais la Révolution Surréaliste offre tout à coup un grand coup de fouet aux conventions! La barbe, Wagner et ses Rings, ses Cycles ou autres manèges. Le maniérisme a atteint ses limites tant on a tiré en Longueur, en Hauteur, en Largeur, en Profondeur... Et pourquoi diable l'Art serait-il forcé, jusqu'à la Nuit des Temps, d'être séduisant, raffiné, plein de signification, de flonflons et de tralalas sinon panpan?! Pourquoi devrait-il encore et de plus en plus se prostituer pour acquérir une certaine valeur?

Erik Satie en connait un bout sur l'hypocrisie sociale, aussi porte-t-il en permanence son cosplay de Saint François d'Assises.

Je pense que l'appellation "en habit de cheval" veut dire: "bien comme il faut".

Ecoutons ensemble son propre récit:

"En 1905, je me suis mis à travailler avec d'Indy. J'étais las de me voir reprocher une ignorance que je croyais avoir, puisque les personnes compétentes la signalaient dans mes oeuvres. Trois ans après un rude labeur, j'obtins à la Schola Cantorum mon diplôme de contrepoint, paraphé de la main de mon excellent maître, lequel est bien le plus savant et le meilleur homme de ce monde.Me voilà donc, en 1908, avec, en mains, une licence me donnant le titre
de contrapuntiste. Fier de ma science, je me mis à composer. Ma première œuvre de ce genre a été un choral et fugue à quatre mains. J’ai été bien
engueulé dans ma pauvre vie, mais jamais je ne fus autant méprisé. Qu’est-ce que
j’avais été faire avec d’Indy ? J’avais écrit avant des choses d’un charme si
profond ! Et maintenant ? Quelle barbe ! Quelle jambe!
Là-dessus, les «Jeunes» d’organiser un mouvement anti-d’indyste, et
de faire jouer les Sarabandes, le Fils des Étoiles, etc., oeuvres jadis considérées
comme fruit d’une grande ignorance, à tort, suivant ces «Jeunes». Voilà la vie,
mon vieux !
C’est à n’y rien comprendre” (lettre à son frère Conrad, 17 juin 1911)

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Aha j'hésite entre Starsong et Le Chant du *
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